Garage 56, une Nascar aux 24h ?

Non vous ne rêvez pas, vous avez bien lu le titre, une Nascar a bien couru les 24h du Mans 2023 au beau milieu de nos GT, LMP2 et Hypercar, une Chevrolet Camaro ZL1 Next Gen a participé et surtout terminée la mythique épreuve mancelle ! Mais comment cela a pu être possible ? c’est ce que nous allons voir !

Les 24H du Mans sont connus pour avoir un règlement assez strict, la course se déroulant dans le cadre du championnat WEC, les voitures engagées, logiquement doivent respecter un cahier des charges afin qu’elles soient concurrentielles entre elles, et que nous n’ayons pas des protos Ferrari de 600ch courant avec des Dacia préparées à 150 ch (oui cela fait penser aux 24h du Nürburgring).

Mais l’épreuve en plus d’être aujourd’hui mythique est aussi un véritable laboratoire technologique, développement nombres de nouvelles technologies.

Nous pouvons citer les feux anti-brouillard (1926), les freins à disque (Jaguar 1953), les phares à LED et laser (Audi 2011) et même l’hybridation avant la F1 (1998 puis 2012 avec une victoire d’Audi).

C’est ainsi qu’en 2012 est créé le “Garage 56”, étant le 56ème box des 60 de la pit lane, il a pour but d'accueillir les voitures innovantes.

La première locataire fût la Nissan Deltawing, par la suite ce seront des voitures à hydrogène, à biocarburant ou encore adaptées aux personnes handicapées qui évolueront durant les 24h du Mans, portées par le Garage 56.

Voir de si prêt une Nascar en Europe, mais aussi la voir courir et développer son plein potentiel est un spectacle rare sur le vieux contient.

Mais cette année, pour fêter le centenaire des 24h du Mans et les 75 ans du championnat Nascar, le Garage 56 accueille l’équipe du “Hendrick Motorsports” avec une Camaro ZL1 Next Gen.

On pourrait croire que c’est la première fois que l’épreuve accueille une Nascar, mais non, puisqu’en 1976 pour fêter le bicentenaire de la déclaration d'indépendance américaine, deux Nascar issue de la WInston Cup (aujourd'hui Cup Series) sont venues titiller les européennes.

Malheureusement les deux V8 7 litres de la Dodge Charger et de la Ford Torino ont été contraints à l’abandon, mais peu importe l’histoire étaitmarquée.

Et c’est dans cet esprit qu’en 2023, Hendrick Motorsport vient en Sarthe pour faire tâter de la Nascar à nos yeux (et surtout nos oreilles), durant 24h.

Malgré l'abandon des deux Nascar en 76, l'idée de faire revenir une Nascar en Sarthe est restée bien présente parmi les organisateurs.

La Camaro va alors être adaptée à la réglementation WEC, mais ce ne seront que des détails, puisque le plus important, le V8 5.7L “Small Block” lui reste dans sa configuration Nascar et délivre une puissance de 700 ch.

C’est ce que souhaitait le président de la Nascar Jim France, il voulait offrir une “authentique expérience de la Nascar aux européens” et c’est chose faite.

Car la Camaro n’a reçu que quelques ajustements, comprenant des phares opérationnels avants et arrières, un réservoir augmenté à 127L, un diffuseur arrière aux normes endurance, une boîte de vitesses séquentielle 5 rapports à palettes et un poids réduit à 1342 kilos contre 1580 en Nascar.

Bien entendu une flopée d'appendices aérodynamiques ont été développés comprenant, un nouveau spoiler arrière ainsi que de nombreux et imposants “canards” à l’avant.

Mais est ce que cela va suffire pour que la voiture puisse suivre le rythme, certes en ligne droite elle devrait sans aucun mal remonter les GT mais quant aux parties sinueuses que va-t-il en être ?

Et bien je pense sans trop m’avancer que nous avons tous été surpris lors de ces 24h !

Une volée d'appendices aérodynamiques a été ajoutée, et disons le nous, ces "flaps" lui vont à ravir !

Car la nascar au final n’est pas que bonne en ligne droite, en se qualifiant en 3min47, elle est plus rapide de 4 secondes que la Ferrari 488 GTE d’Alessio Rovera qui elle a tourné en 3min51.

C’est ainsi que le samedi, la Nascar est bien partie devant les GT, juste derrière les LMP2, et ce ne fût que le début des surprises, car la voiture durant les 24H vint même à dépasser certaines LMP2 justement. Ce qui, je pense, a surpris une bonne partie du public.

Et que dire de ce son de V8, si brut, d’une violence, que même les Cadillac pourtant elles aussi venant des USA ne pouvait rivaliser, c’est dire que les tribunes tremblaient au passage de la Camaro.

C'est ainsi que certaines LMP2 se sont retrouvé à voir dans leurs rétroviseurs une Nascar leur faire des appels de phares, une scène que le public n'est pas prêt d'oublier.

Ainsi, la voiture de Jenson Button, Jimmie Johnson et Mike Rockenfeller mena bon train durant toute la course, résistant et passant sans problème l’averse assez inattendue (qui causa pas mal de dégâts) et traversant la nuit sans encombre. Mais au petit matin, le premier incident survint lorsqu’il fallut (sans grande surprise) changer les freins ce qui fît perdre au team américain quelques minutes malgré un changement rapide, mais à 4h de la fin coup de théâtre, la transmission casse nette, la voiture parvient tout de même à rallier son stand et à repartir après tout de même 80 minutes d’immobilisation.

La fin de la course approche et on voit sur la voiture que la nuit n'a pas été de tout repos, voiture et hommes commencent à atteindre leurs limites.

Et c’est au final à la 39ème place (sur 62 voitures) que finit la Chevrolet Camaro ZL1 Next Gen, un résultat plus qu’encourageant puisque la mission initiale était de terminer la course !

Finalement voir évoluer cette Nascar en Europe, qui plus est lors des 24h du Mans’ a été une expérience formidable, nous n’avons que rarement la chance de pouvoir admirer et écouter ce qu’est une Nascar en action, et c’est quelque chose d’exceptionnelle, le V8 est d’une rare violence à vous en arracher les tympans à chaque passage.

Et quel bonheur de voir ces GT qui paraissent si petites à côté, se battre pour remonter dans les virages et aux freinages pour que quelques secondes plus tard, les 700 ch du V8 ne fondent sur ces sportives pour les dépasser sans mal.

Quelque chose me dit que les prochaines éditions seront différentes sans une Nascar pour semer la pagaille dans les rangs !

Arthur Legrand